Un pont entre deux rives

Publié le par Pauline

    Sir John Holmes, ambassadeur britannique en France, évoque les relations franco-britanniques, avec tout le flegme qui sied aux habitants du Royaume-Uni. Extraits.

   "Deux pays à la taille identique, à l'Histoire parallèle, voisins l'un de l'autre, sont voués à avoir des relations chaotiques", confesse Sir John Holmes, ambassadeur britannique à Paris. Quand on pense aux brouilles entre la Grande-Bretagne et la France, on pense, bien entendu, aux clichés et stéréotypes qui abondent des deux côtés de la Manche. Le mauvais temps caractéristique de l'Angleterre, ou encore la nourriture anglaise, qui pour les Français se compose uniquement de fish and chips, jelly et pudding. Mais les Britanniques ne sont pas en reste sur les stéréotypes applicables aux Français: toujours en grève, arrogants, et invariablement anti-américains.

Pourtant, les contacts entre Français et Britanniques n'ont jamais été aussi étroits. Inauguré le 6 mai 1994, le tunnel sous la Manche est un lien physique indéniable entre les "deux ennemis jurés". Treize millions de Britanniques viendraient passer leurs vacances en France chaque année, et près de 500 000 y seraient établis (chiffres donnés par l'ambassade de Grande-Bretagne en France). On ne compte plus les Français qui vont travailler en Grande-Bretagne. Les comagnies low cost ne cessent d'ouvrir de nouvelles lignes.

Alors, entre cliché et réalité, en quoi consiste le travail d'un ambassadeur britannique en France? "Nous devons travailler avec acharnement pour que la Grande-Bretagne et la France puissent s'entendre, quand cela est possible. Voilà le travail d'un ambassadeur en France".

C'est ainsi que Sir John qualifie "sa mission", celle d'un modérateur qui doit parvenir à une "entente cordiale" entre deux pays.

Il voit dans la coopération franco-britannique un formidable outil de réglement des conflits internationaux. "Si la France et l'Angleterre sont d'accord sur n'importe quel problème international, nous pouvons réaliser tout ce que nous voulons. A eux deux, ces pays peuvent rassembler le reste de la communauté internationale, d'une façon ou d'une autre". Dans le cas contraire, la paralysie règne.

L'ambassadeur demeure persuadé qu'une solide relation de confiance doit s'établir entre la France et la Grande-Bretagne. C'est à cela qu'il travaille. "Bien sûr, les deux pays ne sont pas d'accord sur tout. Pourquoi le seraient-ils?, confie-t-il. Mais sur la plupart des sujets internationaux, un consensus se dégage", sur le changement climatique ou la pression migratoire par exemple.

La pierre d'achoppement reste les Etats-Unis. "La Grande-Bretagne est très proche des USA, pour des raisons historiques et culturelles, même si nos perspectives sont parfois différentes. Cependant, nous en faisons rarement mention publiquement", précise l'ambassadeur. Un aveu qu'il met en parallèle avec l'attitude de la France, persuadée que l'Occident ne doit pas être dirigé par la puissance américaine.

La Gaule et la perfide Albion ont certes des relations chaotiques, mais Sir John reste optimiste. "Les différences ne sont pas aussi flagrantes qu'elles peuvent paraïtre. C'est la façon de les appréhender qui varie". 

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