L’homosexualité toujours sous silence

Publié le par Pauline

L’ancien basketteur John Amaechi publie cette semaine un livre, « Man In The Middle», dans lequel il révèle son homosexualité. L’omerta sur l’orientation sexuelle reste malgré tout la règle dans le milieu sportif.

Vingt-six ans après l’affaire John Fashanu, rien n’a vraiment changé. Soupçonné de penchants homosexuels, le footballeur anglais avait été suspendu par son entraîneur de Norwich City en 1981. Il était le premier joueur professionnel en Grande-Bretagne à « sortir du placard ». C’est aujourd’hui au tour de John Amaechi, ancien joueur de basket-ball NBA, de faire son coming out avec un livre qui sort cette semaine en France. Mieux acceptée dans certains domaines professionnels, l’homosexualité reste encore tabou dans le sport, comme en témoignent les réactions à l’annonce d’Amélie Mauresmo en 1999, lors de l’Open d’Australie. Sa rivale de l’époque, la Suissesse Martina Hingis avait ensuite déclaré avoir eu l’impression de jouer face à un homme. L’annonce de l’homosexualité de John Amaechi déclenche le même type de réactions. Tim Hardaway, retraité des parquets NBA en 2003, a carrément déclaré être « homophobe » et « détester les gays », précisant qu’Amaechi n’aurait pas dû partager le vestiaire de l’équipe. Le cas Amaechi fait écho à celui de Sheryl Swoopes. En octobre 2005 cette basketteuse, la seule à avoir été primée joueuse la plus efficace du championnat professionnel nord-américain de basket-ball féminin, avait fait cette révélation.
La France ne fait pas figure d’exemple dans le domaine : dans le football professionnel, par exemple, la question est très largement ignorée. Pascal Brethes, co-créateur du club Paris Foot Gay, est catégorique : « Aujourd’hui, il est politiquement correct de lutter contre l’homophobie, mais cela ne se retrouve pas du tout dans le quotidien des clubs. Il y a toutes sortes de pressions : les supporters, les équipementiers qui ne veulent pas de mauvaise publicité, les médias et même ses propres partenaires. » Pour Pierre Menes, journaliste sportif et fin connaisseur du milieu footballistique, « les footballeurs homosexuels restent du domaine de l’exceptionnel ». En vingt ans de carrière, il n’a jamais vu un footballeur se déclarer gay. Bien sûr il y a des rumeurs, mais jamais d’annonce officielle. Pour ne pas être taxé de discrimination, le Paris Foot Gay est ouvert aux gens de toutes origines ou orientations sexuelles, le seul critère de choix étant sportif. « Nous sommes volontairement en dehors de la FSGL (Fédération Sportive Gay et Lesbienne, qui regroupe 25 associations sportives, ndlr), explique M. Brethes. Il y a un risque communautariste à ce genre d’associations, mais en même temps il faut comprendre que les sportifs aient envie de pratiquer tranquillement, entre eux et à l’abri des remarques insultantes. »
Il semble que les mentalités commencent à évoluer en France, mais à vitesse très réduite : toutes disciplines confondues, les sportifs ayant annoncé leur homosexualité se comptent sur les doigts d’une seule main. « Il faudrait qu’un Zidane se déclare homo, par exemple, cela ferait changer les choses », lance Pascal Brethes. Ou que la mobilisation en faveur du mouvement gay soit plus importante. C’est dans cette optique que Vikash Dhorasoo, ancien joueur du Paris-Saint-Germain, lui-même hétéro et père de deux filles, parraine l’association Paris Foot Gay. Une première étape et un exemple, pour aller vers une meilleure intégration des homosexuels dans le sport.

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